Deux pays se situant à des bords opposés de l’Europe, la Turquie à l’est, la France à l’ouest et deux pays à la fois si proches et si différents à bien des égards.
Fondée en avril 1924, la république Turque opta pour une constitution favorisant un état aux pouvoirs centralisés.
Rien d’étonnant à cela, la nation se substituait à l’empire ottoman et il s’agissait de favoriser un élan unitaire autour du nouvel état : de fait, la Turquie avait besoin de se construire et de fédérer l’énergie des ses habitants sans distinction d’origine.
La France a aussi connu une telle disparité d’origine de sa population à travers les régions qui la composent, Provence, Bretagne, etc ….Elle a compris que son avenir passerait par son unité et a choisi de se doter d’un état centralisé, comme en Turquie.
La Turquie comme la France, surtout la Turquie, bénéficient de positions géopolitiques privilégiées, au carrefour des mondes, Europe / Moyen-Orient ou Méditerranée / Atlantique, les deux pays sont incontournables dès lors qu’il s’agit de politique européenne en matière d’économie, d’échanges, de politique et d’immigration entre autres.
Les deux pays partagent les mêmes dépendances, en matière énergétique particulièrement : France comme Turquie dépendent de l’extérieur pour leur consommation d’énergie, certes ils ne sont pas les seuls, mais leurs économie est gourmande dans ce domaine.
En revanche, France comme Turquie ne subissent pas, jusqu’à récemment en tous cas, de phénomènes de stress hydrique, tous deux sont des pays de montagne et de plateaux, riches en eau.
Mais surtout, il existe un avantage majeur commun aux deux pays.
France comme Turquie sont deux pays qui nourrissent leurs habitants grace à une agriculture forte et structurée par tradition, une terre qui nourrit son peuple.
Pour mémoire, rappelons que les deux pays ont bénéficié de peuplements anciens et proche des lieux de croissance de l’agriculture.
A la lecture de ces éléments partagés, Il apparait évident qu’une entente entre ces deux pays existe.
Aucun doute au niveau des personnes, les échanges entre les deux pays sont intenses sinon chaleureux tant sur le plan économique qu’humain.
Le bémol se situerait plutôt du côté des gouvernements, non pas pour des histoires de religions ou d’immigration, mais plutôt du côté de l’Europe, de l’Union Européenne, à Bruxelles précisément où la France se montre, discrètement mais efficacement, défavorable à l’entrée de la Turquie au sein de la Communauté Européenne.
Alors, bien sur, il y a toujours des raisons de retarder ou bloquer une candidature, des raisons politiques, économiques ou autres …
Dans le cas de la France, la raison semble être d’ordre financier.
Explication …
Depuis sa création, l’Union Européenne a mis en place un système d’aide aux agriculteurs des membres de l’Union, pays par pays.
Ce système est gérée par la PAC, Politique Agricole Commune, une autorité mise en place par Bruxelles.
Pour 2021, le montant total des aides distribués aux 27 États membres s’est élevé à 62,5 milliards d’ euros dont près de 11 milliards d’euros ont bénéficié à la France au titre d’aides agricoles pour 2021. Un chiffre important qui permet à la France de soutenir et moderniser son agriculture.
Revenons à la Turquie.
Son secteur agricole est tout aussi important que la France, mais demande à être modernisé et soutenu au cas où ce pays rentrait dans l’Union Européenne.
Une entrée de la Turquie dans l’Europe signifierait immédiatement une baisse des subventions accordées à la France, pour être versées en échange à la Turquie en tant que subventions agricoles …
Face à une telle perspective, les autorités françaises restent très réservées lorsque le sujet de l’entrée de la Turquie en Europe revient sur le tapis.
Turquie et France, deux pays si proches et si différents,
mais aussi la Turquie ou la saga d’une candidature qui n’en finit pas d’attendre.
Marc Lanteri / 28 septembre 2023