“Une Histoire d’Amour et de Désir“, Semaine de la Critique, Festival de Cannes 2021
10 ans après son film de fin d’études à la Femis, Leyla Bouzid nous gratifie d’ “Une histoire d’amour et de désir“ (1), film choisi pour clôturer la Semaine de la Critique 2021 à Cannes.
Il est des séparations qui valent bien des déclarations d’amour, et ce film en est une, à plus d’un titre, sur l’écran comme dans la vie réelle avec le départ de Charles Tesson président de la Semaine de la Critique.

Tout y est dans ce film. Le combat des femmes pour sortir du carcan dans lequel elle sont enfermées, de gré ou de force.
Celui des hommes qui n’en peuvent plus de porter le fardeau d’un machisme qui les empêchent de se construire en tant que personne et d’être tout simplement eux-même, tout simplement.
Celui des parents qui ont quitté leur pays natal parce qu’il risquait leur vie en tant que journaliste rapportant une réalité déplaisante pour les autorités de leur pays d’origine.
Celui des immigrés, les “dzimigri“, qui sont venus en France pour le travail et dont on souhaite qu’ils restent le plus discret possible …
Nul besoin de mentionner les pays d’origine des personnages de ce film, Farah et Ahmed, vous les découvrirez rapidement, ce qui compte, c’est l’étude des caractères de chacun.
Au delà des contraintes de l’environnement social et de la société, c’est leur réaction face à eux-même, à leur prise de conscience progressive de qui ils sont, surtout quand ils sont en prise à l’effet “dévastateur et incontrôlable“ des sentiments …
Quand amour rime avec désir, certains sont submergés, se taisent ou partent en courant, d’autres le reconnaissent, l’avouent et surtout se l’avouent.
Le décalage est fort entre ces deux personnes amoureuses l’une de l’autre.
L’une est venue à Paris pour étudier avec l’aide de ses parents, une famille issue de la classe moyenne, ouverte d’esprit et libérale. Elle rêve de se construire et de construire.
L’autre, fils d’une famille installée en banlieue après avoir fuit son pays pour raison politique, est titulaire d’une bourse d’études et ne peut se positionner face à un père déchu qu’en se réfugiant dans un machisme de comédie. Il semble en incapacité de sortir de son attitude carcérale, faussement sécurisante, et prendre les risques nécessaires pour tenter d’être lui-même.
L’amour l’emportera, car l’amour semble plus fort à deux que seul(e).
Sans l’ombre d’un drame, ce film rayonne et rappelle fortement certaines oeuvres du cinéma italien de Valeri Zurlini à Marco Bellochio par la précision apportée à la description du cheminement et de la prise de conscience de nos attachants personnages.
Marc Lanteri 24/7/2021
- • “Une Histoire d’Amour et de Désir“
Film Franco-Tunisien réalisé par Leyla Bouzid, 2021
Sortie prévue en Tunisie comme en France le 1er septembre 2021